Marc - refuge de Sorteny . D+ 2500m .
"Cette étape de haute montagne , se déroulant dans des sites austères , est une des plus délicates de toute votre traversée et elle impose une très forte dénivellation .
Malgré le balisage et la pause de quelques cables , il ne faut l'entreprendre que par temps sùr et en l'absence de neige " . Me voilà prévenu !
Départ matinal ( 6h30) pour cette grosse étape . Ci-dessous , le village de Marc .
Le chemin est bien cairné et balisé en jaune . De plus c'est un parcours superbe sur un chemin en balcon , quelques passages ou il faut mettre les mains .
Je passe à proximité des orrys de Tignalbu . Le mot occitan "orry" désigne non seulement l'abri du berger mais aussi tout l'espace agro pastoral : le parc ,
les abris pour le cochon et la volaille , un autre pour le fromage . On dénombrait au XIXeme siecle 40000 brebis sur les 14000 ha d'estives de la vallée du Montcalm
et seulement un millier en 1996 . Construits en pierres sèches et recouverts de motte de gispet (herbe) , voici ce qu'en dit le pyrénéiste Jean d'Ussel le 5 juin 1899 ,
quand ces orrys étaient encore habités :"De loin , on les prendrait pour des taupinières gigantesques ; ce sont des constructions en pierres sèches , peu élevées
au-dessus du sol , leur toit est une voute formée de pierres plates avançant l'une sur l'autre , et rendue étanche par le placage de mottes de gazon ; une porte basse
donne accès à l'intérieur , c'est d'ailleurs la seule ouverture de l'habitation . Deux ou trois réduits servent à placer les ustensiles et les provisions . Un lit occupe
presque tout l'espace disponible ; ce lit est formé de pierres sur lesquelles , au commencement de la saison , le pàtre est venu étendre de l'herbe , des manteaux ,
des carpettes , quelquefois un drap quand il veut ètre luxueux , mais ce drap n'est jamais lavé . Ce luxe est alors pire que la pauvreté... Que de nuits j'ai passé
dans ces cabanes ! Quand l'étranger arrive , le pàtre lui fait fète , car il est acceuillant , il lui donne toujours une large hospitalité . En son honneur , on allume
un feu de rhododendrons et de genevriers . Malheureusement la fumée vient vite remplir tout l'intérieur et gàter le charme de cette hospitalité patriarcale ..."
Une petite pause à l'étang du Picot avant de poursuivre l'itinéraire en franchissant les 2 crètes qui me sépare du Petit Etang . Je découvre le site magnifique
de l'Etang Fourcat (l'étang fourchu ) et son refuge .
1700m de dénivellé dans la matinée , j'ai bien mérité un bon repas chaud ! Sympathique acceuil du gardien du refuge .
L'après-midi , direction le Port de l'Abeille pour basculer en Andorre . Encore pas mal de neige coté Andorran , ce qui m'oblige à descendre par le rocher , mes
semelles n'ayant plus aucune adhérence ( j'en ai déjà recollé une à la super glue , j'espère qu'elles tiendront jusqu'à Banyuls !)
La suite de l'itinéraire est moins plaisant , surtout le bitume jusqu'à El Serrat . Je décide de poursuivre jusqu'au refuge de Sortény , 1h et 300m de dénivellé en plus .
Je trouve au refuge un garde avec qui je discute jusqu'à son départ . Je suis seul au refuge ce soir et cette solitude commence à me peser , mais je suis dans la
dernière ligne droite . Le refuge de Sortény , non gardé , est une immense pièce avec une vingtaine de places sur des bas-flancs métalliques sans matelas .
Grande cheminée , toilettes à l'intérieur , et fontaine à proximité .
Ce soir , je prend le temps de bien étudier le parcours . Comme souvent sur la H.R.P. se pose le problème du ravitaillement . 2 options pour le lendemain :
soit , à partir du camping d'Incles , l'option nord par le col de Juclar et arrivée à l'Hospitalet , très longue étape et il n'y a qu'une épicerie à l'Hospitalet , soit l'option
sud par le pas de la Case qui ne m'enchante guère , mais qui me permet de faire un ravitaillement complet . On verra demain , la nuit porte conseil !
Le refuge de Sortény